Panneau 1 - Quelques traces du passé

E Volk wu sini Sproch uf’git, Behaltet sin Karakter isch !
Un peuple qui ne conserve pas sa langue, perd son caractère

 
Dingsheim, village aux portes du Kochersberg, est situé idéalement en périphérie de Strasbourg, mais est entouré par les fertiles parterres de lœss du Kochersberg. Notre village a prospéré à travers les siècles. 

Un nom : Tunchinasheim ou Dingsheim ?

La forme actuelle du nom de notre commune, Dingsheim, est composée du préfixe DINGS-, venant de dunum, mot celte signifiant butte ou hauteur sacrée. Ici c’est une référence à la première colline séparant la plaine du Rhin et la ville de Strasbourg (alors Argentorate), du pays du Kochersberg. C’est à dire le dunum de Hausbergen. Ce terme nous révèle donc la présence de peuplades celtiques.
Pour le suffixe -HEIM, très répandu dans notre région avec quelques 245 noms de villages, il est d’origine germanique et signifie maison ou demeure. En toponymie ses premières traces apparaissent au VIe siècle, dans un secteur alors colonisé par des barbares germains et donc des parlers germaniques.
Dingsheim serait donc la maison à côté de la butte sacrée (de Hausbergen). 

Une occupation ancienne

L’occupation du site est ancienne et continue, comme l’attestent un certain nombre de vestiges archéologiques, dues essentiellement au hasard.
 
Les plus anciens vestiges remontent au Paléolithique supérieur (15 000 – 10 000 av. J.C.) ou au Mésolithique (10 000 – 5 500 av. J.C.). Ce sont cinq objets en silex.
Aussi, trois tombes datées du Néolithique, de la toute fin de la Préhistoire (environ 5 400 et 2 000 av. J.C.). Ces tombes appartiennent à la culture du Rubané. On y a retrouvé des fragments de céramique typique, un fragment d'herminette double perforée et une masse perforée.
 
Les Celtes, présents en Alsace du VIIIe au Ier siècle av. JC ont aussi laissé des traces. Près de la Souffel, les archéologues ont identifié des fosses et des fonds de cabanes d’habitations celtes (notamment par des restes d’épieux) ainsi que des tessons de céramique poinçonnée et de l’époque de Hallstatt (800 à 400 av. J.C.).
Puis les Romains ont marqué de leur passage notre village. Des restes d’un four ont été retrouvés, tout comme des fragments d’un vase sigillé. Relevons que certains chemins et routes encore utilisés sur notre ban datent du tracé romain.
A deux kilomètres au sud de Dingsheim, l'aqueduc souterrain qui, de Kuttolsheim amenait à Argentoratum l'eau potable, élevait des arcades pour franchir le ruisseau du Musaubach. On a ainsi retrouvé des fragments de tuyaux de canalisation.
Enfin, en 357 une bataille opposant l’Empereur Julien l'Apostat et des troupes d’Alamans s’est déroulée sur la partie sud du ban communal, d’après des données concordantes d’historiens anciens. Les Romains laissèrent ainsi leur place aux Alamans et ces derniers, aux Francs.
 
Pour en terminer avec l’Antiquité, trois tombes, soit gallo-romaines et/ou mérovingiennes (des Ve – VIIe s) ont encore été retrouvées. Deux trouvaient rue du Charron et la troisième dans le jardin du presbytère.
La mieux conservée de la rue du charron, située à 1,50m de profondeur, comportait un squelette ayant la tête orientée à l'est. Il y avait aussi un bol en terre sigillée d'Argonne et une coupe en terre jaune ocre. Les deux vases étaient placés à côté du squelette, de telle sorte que la main droite du défunt, passant au-dessus du bras gauche venait saisir le rebord du bol. Il s'agit d’une tombe du Ve s. 

Les grandes dates de l’histoire de Dingsheim

A partir du VIIe siècle, Dingsheim fait partie des 28 communes qui constituaient le Grafschaft, un amalgame de localités indivisés entre l’Empire et l’Evêché de Strasbourg, avant que le village ne devienne entièrement possession de l’Evêché au XIVe siècle. Exception faite pour la ferme dimère, qui relevait de la fondation de Saint-Pierre-le-Jeune.
 
En 1262 à lieu la bataille de Hausbergen, qui voit s’affronter l’évêque de Strasbourg, Walter von Geroldseck et les bourgeois de la ville. Elle prend place pratiquement au même endroit que celle qui opposa Julien et les Alamans.
 
Une famille de nobles, les Von Dingsheim, est citée à partir de 1145 mais elle disparait au XVe siècle. Deux sont connus ; un premier Heinrich von Dingsheim, abbé du couvent de Seltz qui meurt assassiné par Heinrich de Ripbur et un second Heinrich von Dingsheim, prieur au couvent de Saint-Quirin en Moselle.
 
Dingsheim sera attachée à la France, comme une grosse partie de l’Alsace à l’issu de la Guerre de Trente Ans en 1648. Le village est en partie détruit et on doit faire appel à l’immigration pour le repeupler. Ainsi on sait que de nombreuses familles arrivent de Bavière pour repeupler Dingsheim et Griesheim. Les villageois ont ainsi reçu et gardé le sobriquet de Bayere, les Bavarois.
A partir de là, l’histoire du village est la même que celle de l’Alsace. En 1871, la région passe au IIe Reich allemand, pour repasser à la France en 1918. Elle connaître encore cinq années d’annexion à l’Allemagne d’Adolf Hitler entre 1940 et 1945. Soixante-quinze ans, trois guerres et quatre changements de nationalité.
 
Cette histoire mouvementée, entrainera des grands changements pour nos ancêtres ; changement de nationalités, de langues, d’usages, interdictions, campagne de germanisation et de nazification… Mais elle est aussi à l’origine de notre double culture et de nombreuses traditions et coutumes qui font la richesse de notre village.
 
La population de Dingsheim a fortement fluctué passant de 430 habitants en 1968 à 1238 habitants en 1975. Au 1er janvier 2025, le village compte 1258 Dingsheimois et Dingsheimoises. 

Légendes des photos

  1. Carte postale du début du 20e siècle, montrant la partie basse du vieux village, vue depuis Griesheim. La maison en bas est la maison du 3 rue de l’église.
  2. Carte postale de 1938, on y voit la rue principale depuis l’église.
  3. Détail de la carte de Cassini (18e siècle). Notez la mention St Quirin, rappelant l’existence de la chapelle dédiée au saint du même nom, derrière Dingsheim, au niveau du Alte Bàrri.