D’Metzger han grossi Hund, un wäge oj kleni Pfund !
Les bouchers ont de grands chiens, mais pèse en petites livres

Les différentes affectations 

Ce terrain est occupé aujourd’hui par deux maisons, celle de droite étant la plus ancienne. Le terrain a vu différents services s’installer ici au cours des années.
 
Ici se trouvait autrefois un petit baraquement en bois où les vagabonds de passage pouvaient passer la nuit. Sur le côté existait une prison (2m sur 2m), sorte de cage en planches à clairevoie permettant la surveillance du prisonnier.
Cet ensemble a ensuite été remplacé par une boutique où un boucher des environs débitait la viande deux fois par semaine. À côté, existait également une forge communale ; l’ensemble de l’équipement appartenait à la commune et était loué à un forgeron. Le dernier forgeron connu est un certain Hild en 1882. Puis progressivement les artisans forgerons travailleront à domicile.
Après la dernière guerre, la petite boucherie a été remplacée par une laiterie.
À l’emplacement de l’actuelle maison de gauche, se trouvaient aussi des congélateurs pour les villageois. Nos anciens se souviennent encore qu’il fallait aller y porter les morceaux de viande des animaux abattus.

Une chapelle cachée de la Révolution française 

Dans un des murs de la cave de la maison de droite, s’ouvre une petite cavité, creusée dans le lœss. Dedans se trouve un petit autel. On devine un rebord façonné dans la terre pouvant servir de table et au-dessus, creusée, une petite niche gravée d’une croix. Il s’agit d’une petite chapelle cachée datant de la Révolution.
 
Rappelons qu’en 1789 le clergé en tant qu’ordre est dis­sout et ses biens sont nationalisés. En juillet 1790 est adoptée la Consti­tution civile du clergé qui réorganise le clergé séculier et institue l’Église constitutionnelle. Tous les religieux sont fonctionnaires et doivent jurer fidélité à la Nation, à la Loi et à la Constitution. Très peu s’y plieront. Ceux qui refusent, sont quali­fiés de prêtres réfractaires et à partir de 1791, sont pourchassés et déportés. Dans ce contexte, l’église de Dingsheim est fermée en août 1792 et la messe interdite.
 
De 1770 à 1803, la paroisse est administrée par le curé François-Xavier Munschina (1743-1805). Il refuse de prêter serment et s’enfuit en 1792 dans le Grand-Duché de Bade. Durant son absence, arrive l’abbé Laurent Thomas, lui-même prêtre réfractaire et originaire de Griesheim. Il dit la messe et administre les sacrements dans de nombreux villages dont Dingsheim et Griesheim.
Il doit cependant œuvrer et vivre clandestinement. On sait qu’il se cache dans certaines fermes et dans l’ancien moulin de Griesheim. Il se déguise en valet de ferme pour se déplacer et officier de façon secrète, directement à domicile lors de baptêmes ou de messes mortuaires.
 
Munschina revient en 1797 et officie avec l’abbé Thomas. Il pense que la férocité révolutionnaire s’est calmée ; mais il n’en est rien. Il explique dans ses notes qu’il continue d’œuvrer de façon cachée, notamment grâce à certains paroissiens qui ont aménagé des cachettes dans leurs maisons. Il mentionne notamment un Hasselmann ; à savoir André Hasselmann (1747-1830), qui habitait ici dans la maison avec sa femme Catherine Quirin (1748-1805).

Légendes des photos 

  1. Photo d’un veau au 13 rue du charron (‘s Becke). Photos de 1947.
  2. Cochons élevés à Dingsheim. Photo de 1938, actuel 24 rue principale (‘s Knabe).
  3. Forge communale, actuel 4 rue de la chaîne (‘s Annels).
  4. Détail du cadastre allemand de 1886. On y voit le centre névralgique du vieux village.
  5. Portait de l’abbé Laurent Thomas.
  6. Photo actuelle de la petite chapelle creusée dans le loess.