Panneau 5 - Dingsheim, son nom et sa cour dîmière

Zwei rüchi Stein, Mahle selte rein
Avec des meules rugueuses ont fait rarement de la farine fine

La cour dîmière

La cour devant laquelle vous vous trouvez, dont le Hofnàme est ‘s Zimmermans, comprend une des plus anciennes maisons du village. C’est ici que se trouvait un Zehenthof ou ferme dîmière.
Celle-ci appartient à un seigneur (laïc ou religieux) et comprend plusieurs habitations, granges, écuries… avec leurs terres, prés, forets… Elle est concédée à des preneurs contre paiement du cens (mot désignant une redevance fixe dû par le possesseur au seigneur féodal) ou la réalisation de certaines prestations annuelles.
Au Moyen Age, la dîme, étymologiquement 10%, est un impôt versé en nature ou en espèces, à une institution civile ou religieuse. Si l’impôt est variable, comme son nom l’indique, il s’agit normalement de reverser un dixième de la production au seigneur.
Au Moyen Age, l’Alsace fait partie du Saint Empire romain germanique. A partir de 1116, le chapitre de la Cathédrale de Strasbourg est propriétaire du village. Du 13e au 16e siècle, les revenus sont ensuite partagés avec le Saint Empire, avant que le chapitre en redevienne le seul propriétaire, à l’exception du Zehenthof, qui relève de la fondation de l’église Saint-Pierre-le-Jeune à Strasbourg.
A l’arrière de la cour, des ouvertures rondes faisant penser à des canonnières sont en réalisé des destinées à faciliter le rangement d’un attelage.
Dans la partie gauche de la grande cour, on peut encore voir un four à pain, servant occasionnellement à faire cuire des tartes flambées.

Le nom du village

L’orthographe du nom de notre village est aujourd’hui bien ancrée. Elle a cependant beaucoup évolué au cours des siècles. En voilà un petit florilège ; Denzingen (1059), Dungensheim (1279), Tuenngensheim (1347), Dingssheim (1514) ou encore D’Ingsheim (1696).
 
La première mention du nom du village date de 788. Le village apparait sous le nom de Tunchinasheim, dans un acte de donation en latin dans lequel Uoto, un propriétaire terrien, cède des terres et d’autres biens, « pour le salut de (s)on âme et pour le poids de (s)es péchés », à l’abbaye de Fulda (Hesse).
Cette première version du nom, pourrait être une référence au Thungravius franc, chef militaire et civil, commandant d’un district géographique, où il est responsable des Francs occupant le territoire. Tunchinasheim serait son lieu de résidence et donc, le lieu de commandement.
Il faut alors replacer notre secteur dans un contexte essentiellement militaire où les Francs, arrivés au Ve siècle, administrent le Kochersberg depuis leurs palais de Koenigshoffen et de Marlenheim, auraient installé dans les villages s’y trouvant un district ou pôle équestre avec d’innombrables forteresses et fortins.

Légendes des photos

  1. Paysan payant la dîme à un seigneur (XVIe ou XVIIe siècle).
  2. Four à pain de la ferme devant nous, ‘s Zimmermans.
  3. Eglise Saint-Pierre-le Jeune protestant de Strasbourg, vers 1870 (lithographie de Sandmann).
  4. Détail de la charpente de la grange.
  5. Détail du mur arrière de la cour, on y voit une ouverture facilitant le rangement des attelages.