Panneau 8 - La maison à colombages

Behiet uns Gott vor Hungerszit, vor Mürer un vor Zimmerlit
Seigneur, protège-nous de la famine, des maçons et des charpentiers
 
Les premiers occupants de ce bel ensemble, Thibaut Quirin et Catherine Winheim, ont vécus au tournant des XVIe et XVIIe siècles. Le Hofnàme est ‘s Schulze, de Schultheiss, le prévôt du village ou bourgmestre au temps du Saint Empire romain germanique.

Les maisons à colombages

 Il s’agit d’une ferme emblématique de l’architecture régionale. Ici en Alsace, les maisons à colombage (ou à pans de bois), sont typiques de l’architecture allemande. Le terme colombage vient du mot colombe, une pièce en bois qui faisait toute la hauteur de la partie en colombage. Aujourd’hui il est très rare d’en trouver.
La maison est construite uniquement par le charpentier, il n’y a pas d’architecte. A l’époque les charpentiers exercent leur métier de père en fils et certaines familles sont reconnues pour le raffinement et la richesse de leurs réalisations.
 
Le rez-de-chaussée, peu élevé, est construit en grès rose ou en briques, cela à cause de l’humidité du sol. La cave est en terre battue
Les étages sont construits en colombage ; la structure en bois apporte la stabilité à l’édifice. Les morceaux sont imbriqués les uns dans les autres et tiennent grâce à des chevrons ; il n’y a pas de clou ou de visse. Les différents éléments en bois, numérotés avec des chiffres romains, sont ainsi démontables, déplaçables et remontables. Cela vous rappellera sans doute une grande marque de meubles suédoise.
Autrefois, devant le notaire, la maison comptait comme un bien mobilier et non immobilier. Parfois la jeune fille de la famille emportait la maison des grands parents dans sa dote. On pouvait démonter la partie en bois et la reconstruire ailleurs dans le village (on changeait rarement de commune à l’époque), emportant aussi le Hofnàme.
 
L’espace entre les poutres est comblé par du torchis (terre argileuse, sable, chaux, paille hachée, crin de cheval) mis sur des clayonnages en bois. En ville, on utilise des briques noyées dans le mortier. Les encorbellements, ces avancées du premier étage au-dessus du vide, permettent d’agrandir la maison tout en laissant un passage aux carrioles et en payant moins de taxes.
 
Les toits sont à forte pente et à deux versants. Ils sont recouverts de tuiles rondes, les queues de castors ou Biberschwàntz. Certaines tuiles sont décorées, comme les tuiles protectrices, qui comportent des incantations pour que Dieu protège la maison (Schutzziejel). Elles sont placées en haut et à droite du faîte du pignon, côté rue. On peut y retrouver l’année de construction, signes chrétiens, païens, empruntes de main et pieds… Plus trad apparaissent aussi Fieroweziejel ; chaque ouvrier tuilier décorait la dernière tuile de sa journée d’un motif de son choix.
 
L’aspect des maisons aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui du passé.
Jusqu’au XVIe s, le colombage est sobre, les bois sont protégés par de la suie ou un oxyde de fer rouge, mélangé à du sang de bœuf. Les pigments et les couleurs sont trop couteux, ainsi les maisons sont blanches (badigeon de chaux blanche) ou on laisse le torchis apparent. Certaines explications avancées quant à la couleur appliquée en fonction du métier du propriétaire, de la religion, pour repousser les insectes… restent à l’état de légende, rien n’est d’attesté.
Les fenêtres s’agrandissent au XVIIe s, des décorations en bois ornent les façades.
A partir du XVIIIe siècle, le colombage est passé de monde. On cache les parties en bois avec un crépis. Cela assure aussi une protection contre le feu.
Depuis quelques décennies, la maison retrouve ses bois nus. Une large palette de couleurs apporte aujourd’hui une nouvelle identité.

Les motifs du colombage

 Différents motifs sont présents sur le colombage ou sous les fenêtres. Outre l’aspect fonctionnel, ces morceaux de bois ont aussi une valeur symbolique. Ils permettent aussi aujourd’hui de dater les maisons. Au début assez simple, les motifs évoluent avec le temps. Par exemples, trois motifs sont typiques de la Renaissance ; la croix de Saint André, considérée comme un symbole de protection ; la chaise curule ; chaises des sénateurs romains, elle montre que la maison appartient à un notable ; le Mann, silhouette d’homme debout, qui exprime la virilité.
On trouve aussi des potelets simples ; le losange, symbolisant le sein maternel et devant apporter fécondité et abondance ; le losange et la croix de saint André imbriqués pour multiplier protection et abondance ; la crète de coq ; l’arbre de vie… 

Légendes des photos

  1. 5 rue du boulanger, maison aujourd’hui disparut, (‘s Becks) 
  2. Ferme Amblard (ici), alors que le colombage était encore recouvert de crépis.
  3. Maison à colombages rue de l’angle.
  4. Maison à colombages rue principale, ('s Murbachels)
  5. Différents motifs de colombages :
  • 1ere ligne : potelet d’allège simple – potelet d’allège oblique – losange barré d’un croix de Saint André version 1 – losange barré d’un croix de Saint André version 2 – double losange imbriqué et barré d’une double croix de Saint André 
  • 2e ligne : potelet d’allège V ouvert – potelet d’allège V ouvert renversé – décharge en S – disque radié
  • 3e ligne : losange – croix de Saint André – chaise curule – Mànn (homme) – demi-Mànn – arbre de vie