Panneau 13 - L’église Saint-Kilian

Kilian, der heilige Mann, stellt die ersten Schitter an
Kilian, le saint homme, embauche les premiers moissonneurs

Les anciennes églises

Du premier lieu de culte du village on ne sait rien. D’anciennes sépultures ont été retrouvées ; deux tombes du Ve siècle et un sarcophage gallo-romain ou mérovingien du VIIe siècle. Ce dernier se trouvant dans l’actuel jardin du presbytère, peut-être faut-il imaginer, à proximité, la présence d’un premier édifice de culte. Le mur d’enceinte de l’église et du cimetière a été datée du VIIIe s.
 
La première église attestée est antérieure au XVIe siècle. Il s’agit d’une petite église construite pour une centaine d’habitants. Au sud-est, elle était flanquée d’une tour carrée à laquelle était accrochée la sacristie. De style post-gothique, elle mesurait 14 m de long et 7 de large et le chœur mesurait 4 m sur 4 m. Cette église est détruite lors de la Guerre de Trente Ans.
La cuve baptismale en est le dernier vestige ; dessus on lit le millésime 1625.
La Réforme arrive au XVIe s mais n’a aucune emprise sur les habitants de Dingsheim.
 
Une nouvelle église est construite à partir de 1666. Un tel temps s’écoule depuis 1648 car une grande partie de la population du village est morte.
Deux faits méritent mention ; en 1716, le Pape Clément XI rédige une indulgence plénière pour les fidèles de Dingsheim, pour « tous leurs péchés ». Le Pape leur offre leur rémission totale à la peine temporelle qu’ils auraient dû passer au Purgatoire en raison de leurs péchés. Quelles est la cause ? Là les sources restent muettes.
En 1720, le cardinal Armand Gaston de Rohan, évêque de Strasbourg de 1704 à 1749, vient à Dingsheim. Le curé Rohmer relate les grands moyens mises en œuvre, chants, discours, accueil des enfants.
 
Deux curés ont été enterrés dans ses églises ; Johannes Fünfrock en 1559 et Laurent Stalter en 1770.
 
Cette église devint trop petite au XVIIIe s. Aux fidèles de Dingsheim s’ajoutent ceux de Griesheim –cette paroisse étant une annexe de la nôtre- qui devait donc se rendre dans notre église pour suivre la messe. Mais une querelle entre les paroissiens de Griesheim et le curé Munschina éclate et qui aboutit en 1803, après le départ de ce dernier, en la séparation des deux paroisses, assignées à deux prêtres différents.
Maires et curés successifs entreprirent des démarches auprès de l’Intendant royal pour les aider à agrandir l’église. Ce n’est qu’en 1771 que réagit l’Intendance. Mais le plan d’agrandissement n’est jamais lancé à cause de la Révolution.

L’église actuelle 

Le chantier débute en 1803 ; on détruit l’ancienne église, à l’exception de la tour et de la sacristie.
En novembre 1805 la nef est terminée. Elle est ornée d’un chemin de croix béni en 1817 et d’une image de la Vierge. La construction a été réalisée grâce aux donc des habitants ; mais les fonds disponibles sont épuisés.
En 1841, les travaux sont relancés. On construit la tour carré juchée sur le fronton de l’église. Dans la foulée on ajoute la tribune à l’intérieur.
La même année, la paroisse rachète l’ancien orgue de Marlenheim qui est installée sur la tribune. L’orgue actuel, de la maison G. Kern, est inauguré en décembre 1990.
 
Pour le chœur et la sacristie, les travaux sont réalisés en trois mois en 1857, après destruction de l’ancienne tour et la sacristie. Le 8 juillet, jour de la fête patronale, le chœur est béni. Le 6 juillet, la foudre frappa la nouvelle construction. Seuls quelques dégâts à la toiture du chœur sont à relever ainsi qu’une poutre fendue.
 
Le mobilier est acheté et installé progressivement ;
  • En 1861 est installé le grand lustre et le tableau de Saint Kilian allant au-devant de ses meurtriers, installé derrière le maitre-autel. Il est peint par maître Sorg de Mutzig.
  • Les autels latéraux sont réalisés en 1865 et la fille de Sorg, Carola, en exécute les tableaux. A gauche, la Vierge en Immaculée Conception de 1865 –remplacée en 1927 par la Vierge de maître Orticari- et en 1866, à droite, Saint Quirin.
  • En 1866 : Carola Sorg réalise un Chemin de Croix en quatorze tableaux mais les tableaux seront découpés de leur cadre en 1965 et entreposés de façon rudimentaire dans la grange du presbytère.
  • La chaire est réalisée en 1869.
  • En 1875 on réduit la taille des fenêtres du chœur et de la nef car « les fenêtres étaient d’une hauteur démesurée et causaient une chaleur extrême en été et un très grand froid en hiver ». Les maçons du village œuvrent en octobre 1879.
  • En 1880 sont construites les deux niches latérales. Dans la niche gauche le curé fait installer une grotte de Lourdes avec une statue de la Vierge. A droite est installée une statue de Saint Joseph. Il fait encore arrondir les fenêtres du chœur où sont ensuite posés deux vitraux peints et ajouter le cintre du chœur. On lui doit également l’œil de Dieu en moulure plâtrière qui se trouvait sur le cintre. Cette décoration a aujourd’hui disparu.
  • En 1885, installation de l’horloge sur la façade ouest.
  • Les vitraux de la nef ont été réalisés par l’entreprise strasbourgeoise Ott Frères en 1907. On y voit sainte Cécile, sainte Catherine, sainte Hélène, sainte Philomène, saint Jean-Baptiste, saint Florent, saint Antoine l’Ermite et saint Augustin.
  • En 1932 l’église est carrelée par l’entreprise Sihr. A cette occasion, les dalles en grès qui garnissaient le sol de l’église et dont certaines provenant de l’église médiévale, dont celles qui portaient des épitaphes, ont été enlevés et placées autour de l’église. Mais dans les années 1980 elles ont été arrachées et ont fini à la déchetterie.
  • En 1932 est installé le chauffage dans l’église.
  • A l’occasion du grand congrès eucharistique du 13 août 1939 est installée la grande plaque sur la façade ouest de l’église. La même année, trois statues en grès sont ajoutées dans les trois niches vides de la façade ; à gauche Sainte Elisabeth de Hongrie, entrouvrant son manteau pour montrer un bouquet de roses à droite Saint Isidore le Laboureur, patrons des paysans, une bêche à la main et au sommet, le Christ-Roi tenant un globe.
  • Pour la suite à part les réparations courantes (peintures, crépissages, toiture), l’église n’a pas subis de modifications importantes.

Les saints paroissiaux

L’église est dédiée à Saint Kilian ; c’est la seule en Alsace. Kilian naquit en Irlande en 640. Missionnaire, il vint évangéliser la Germanie avec ses deux compagnons, Saint Colman et Saint Totnan. Apôtre de la Franconie (la partie nord de la Bavière), il devint évêque de Ratisbonne. Après avoir prêché l'Évangile à Wurtzbourg, il réussit à convertir au christianisme le Duc Gozbert et une grande partie de la population. Mais Kilian annonce que le duc est en violation de l'Écriture Sainte, étant marié à la veuve de son frère, Geilana. Lorsque cette dernière entendit les paroles de Kilian, de colère, elle envoya ses soldats chercher Kilian et le fit décapiter avec ses deux compagnons. C’était en 689. Kilian est aujourd’hui l'un des saints patrons pour les patients atteints de rhumatisme.
 
L’église possède aussi une petite relique de Saint Quirin. Pour découvrir son histoire, rendez-vous Rue Kobler. 

Les cloches de l’église

Plusieurs cloches se sont succédé dans le clocher.
La plus ancienne connue est une cloche de 1670, portant une prière adressée à la Vierge Marie et à la cloche elle-même qui devaient toutes les deux, protéger le village « du feu et de l’incendie », « Maria bin ich genannt, behüt von Feuer und Brand ». Elle s’est fendue en 1855.
Une petite cloche dédiée à Sainte Catherine vient rejoindre la première en 1825. Il s’agit d’un don des époux Jean Braun et Marie Hiegel, en souvenir de leur fille Catherine Braun, une moniale chassée du couvent Sainte Marguerite de Strasbourg, au moment de la Révolution. L’inscription sur cette cloche signale que « pendant que sévissait la fureur de la Révolution française, surtout contre toutes les églises, les cloches furent confisquées ; une seule fut laissée ». Si les livres paroissiaux restent muets sur une éventuelle spoliation d’autres cloches qui aurait pu se trouver à Dingsheim sous la Révolution, on peut penser que certaines ont sans doute finis transformées en canons révolutionnaires.
 
Dans le nouveau clocher en 1849, sont accrochées ses deux cloches.
Une nouvelle cloche arrive en 1855 en replacement de celle de 1670. Elle est baptisée Immaculée Conception ; elle pesait 498 kg et a été fondue par la maison Edel à Strasbourg. Avec celle dédiée à Sainte Catherine elles restent dans le clocher jusqu’en 1917. Les autorités allemandes la réquisitionnèrent alors et elle fut envoyée à la fonte.
Grace à la cotisation des paroissiens, elle est remplacée en 1925 par deux nouvelles cloches ; Saint Kilian (700 kg) et la Saint Quirin (350 kg). Elles viennent des établissements Griffon de Brest.
Les Allemands les réquisitionnèrent à nouveau en 1944. Seule la petite cloche Sainte Catherine fut laissée.
 
En 1946 arrive la cloche Saint Kilian et Saint Quirin (343 kg). En 1947 arrivent deux autres cloches ; une dédiée à l’Immaculée Conception (716 kg) et une dédiée au Christ Roi (1135 kg), fondues dans l’atelier Causard à Colmar.
Une dernière petite cloche est livrée par l’entreprise Causard et est accrochée au-dessus de la porte de la sacristie, dédiée à Saint Joseph, elle annonce le début des offices.
 

Légendes des photos

  1. Photo ancienne de l’extérieur de l’église.
  2. Jeunes filles devant l’église portant la coiffe des jeunes filles catholiques du Kochersberg
  3. Photo ancienne de la nef et du chœur.
  4. Tableau du martyre de Saint Kilian, cœur de l’église de Dingsheim. Maître Sorg, 1861.