Panneau 14 - Les croix rurales
D‘r Tod isch umsonscht, awer er koscht s’Läwe
La mort est gratuite, mais elle coûte la vie
Les croix rurales dans le Kochersberg
De très nombreuses croix, de formes et de caractéristiques aussi diverses que variées, jalonnent le paysage du Kochersberg, qu’elles se trouvent au sein des villages (uniquement catholiques), le long des routes ou même parfois, en plein champ. Mais quelles significations ont-elles ?
Nombreuses sont celles qui sont la matérialisation d’un acte de culte public envers Dieu. La mise en place de ces croix est donc d’abord guidée par une intention religieuse. D’autres sont érigées à la suite d’un événement marquant comme un accident. Souvent, il s’agit de la mort naturelle ou accidentelle d’un membre de la famille du donateur. Ce sont des croix mémorielles ou votives. Un autre motif, est le besoin de se protéger contre les accidents ou les intempéries. Enfin, certaines étaient des points d’arrêt de la procession, faisant le tour du ban communal. Ces croix ont un rôle spirituel mais aussi temporel, car elles peuvent marquer les limites du ban.
Ces croix sont classées en trois grandes catégories : les Bildstock ou croix à oratoire où dans une niche relativement importante, on retrouve une représentation sculptée ou peinte d’un personnage ou d’une scène ; les croix à niche où les niches en question sont bien moins importantes qu’auparavant, ici c’est la croix en elle-même qui prime, et les croix sans niche.
Les plus anciennes encore en place, datent de la fin du XVIe siècle alors que les plus récentes sont de la première partie du XIXe siècle. On constate une forte densité d’érections de 1655 à 1740.
En ce qui concerne l’iconographie, on retrouve de nombreuses choses relatives à la religion : monogramme du Christ, signes de la Passion -clous et cœur surmontés d’une croix-, Christ en croix ou en pitié, Sainte Vierge, anges… mais également des motifs végétaux ou cosmiques (soleil, lune, étoile…).
Nombreuses sont celles qui sont la matérialisation d’un acte de culte public envers Dieu. La mise en place de ces croix est donc d’abord guidée par une intention religieuse. D’autres sont érigées à la suite d’un événement marquant comme un accident. Souvent, il s’agit de la mort naturelle ou accidentelle d’un membre de la famille du donateur. Ce sont des croix mémorielles ou votives. Un autre motif, est le besoin de se protéger contre les accidents ou les intempéries. Enfin, certaines étaient des points d’arrêt de la procession, faisant le tour du ban communal. Ces croix ont un rôle spirituel mais aussi temporel, car elles peuvent marquer les limites du ban.
Ces croix sont classées en trois grandes catégories : les Bildstock ou croix à oratoire où dans une niche relativement importante, on retrouve une représentation sculptée ou peinte d’un personnage ou d’une scène ; les croix à niche où les niches en question sont bien moins importantes qu’auparavant, ici c’est la croix en elle-même qui prime, et les croix sans niche.
Les plus anciennes encore en place, datent de la fin du XVIe siècle alors que les plus récentes sont de la première partie du XIXe siècle. On constate une forte densité d’érections de 1655 à 1740.
En ce qui concerne l’iconographie, on retrouve de nombreuses choses relatives à la religion : monogramme du Christ, signes de la Passion -clous et cœur surmontés d’une croix-, Christ en croix ou en pitié, Sainte Vierge, anges… mais également des motifs végétaux ou cosmiques (soleil, lune, étoile…).
La croix à niche de l’église
La première se trouve maçonnée dans le mur d’enceinte de l’église, rue principale :
- Datation : 1702
- Dimensions : 172 cm x 62 cm x 18 cm
- Etat : Assez bon état, mais les extrémités des bras se délitent
- Description : Croix à niche à bras tréflés. L’intersection entre la traverse et la partie centrale est concave dans la partie supérieure et à angle droit dans la partie inférieure. La niche est un arc en accolade qui se prolonge par une petite croix pattée. A l’intersection du montant et des bras se trouve un cœur à volutes surmonté d’une autre croix pattée et de deux clous. L’épaulement est concave.
- Inscription : DAS CREVTZ HAT HANS / FRITZ VND EVA LABIN / 1702 / VON GRISEN / HABEN S / GOTT ZU / EHREN AUF / RICHTEN / LASSEN
- Cause de la construction : On comprend en traduisant le texte, que cette croix a été érigée en 1702 à la gloire de Dieu, par un couple de Griesheim.
- Anecdote : cette croix se trouvait jusqu’en 1971 sur le ban de Griesheim au lieu-dit Hochbühl, au bord du Mattenweg, qui longe la Souffel, en direction de Mundolsheim. Elle a été déplacée ici pour éviter sa destruction.
La croix à niche de la rue de Mittelhausbergen et la guerre de Trente Ans
La seconde se trouve au lieu-dit Am Strässel, au n°12 de la rue de Mittelhausbergen :
- Datation : 1680
- Dimensions : 160 cm x 42 cm x 19 cm
- Etat : Bon état
- Description : Croix à niche et à bras droit. La niche est un arc de plein cintre encore munie de sa grille. On retrouve plusieurs gravures sur le montant. Les épaulements sont concaves et assez peu marqués. Dans la niche on retrouve une Vierge à l’Enfant qui n’est cependant pas d’origine.
- Inscriptions : Sur la traverse : IHS (abréviation et translittération imparfaite du nom de Jésus en grec : Ι = J, Η = E et Σ = S1 (JES. = Jesus/Ἰησοῦς). Sous la niche : MM / 1680
- Cause de la construction : un épisode de la guerre de Trente Ans !
Cette guerre, qui ravage une partie de l’Europe entre 1618 et 1648, passe par l’Alsace (notamment les terribles Suédois) et y laisse des séquelles. Elle a décimé la population ; on estime que pour le Kochersberg, il faut compter sur une diminution de plus de la moitié de la population totale entre 1620 et 1650. Pour Dingsheim les chiffres font malheureusement défaut, mais on sait que le village a été en grande partie détruit. En 1693, presque cinquante ans après la guerre, les plus anciens chiffres connus concernant la population, font seulement état de 178 personnes.
Après la guerre, en novembre 1662, le roi de France Louis XIV, autorise et invite ses sujets ainsi que des étrangers, à venir repeupler le secteur. La proposition est soutenue par des avantages proposés contre le déménagement. Une seule condition est cependant impérative ; les nouveaux habitants doivent être catholiques. Si la chose est plus ou moins respectée (les contrôles ne sont pas stricts), les villages catholiques voient arriver des personnes du Tyrol, de Bavière, du Palatinat, du Pays de Bade.
De nombreuses familles sont arrivées de Bavière pour repeupler Dingsheim et Griesheim. Les villageois ont ainsi reçu et gardé le sobriquet de Bayere, c’est-à-dire les Bavarois. Certaines sources parlent même de Nàrrebayere ou Bavarois fous ! Nos deux villages forment de ce fait le petit pays bavarois ou s’bayerisch Ländel.
Après la guerre, en novembre 1662, le roi de France Louis XIV, autorise et invite ses sujets ainsi que des étrangers, à venir repeupler le secteur. La proposition est soutenue par des avantages proposés contre le déménagement. Une seule condition est cependant impérative ; les nouveaux habitants doivent être catholiques. Si la chose est plus ou moins respectée (les contrôles ne sont pas stricts), les villages catholiques voient arriver des personnes du Tyrol, de Bavière, du Palatinat, du Pays de Bade.
De nombreuses familles sont arrivées de Bavière pour repeupler Dingsheim et Griesheim. Les villageois ont ainsi reçu et gardé le sobriquet de Bayere, c’est-à-dire les Bavarois. Certaines sources parlent même de Nàrrebayere ou Bavarois fous ! Nos deux villages forment de ce fait le petit pays bavarois ou s’bayerisch Ländel.
Cette guerre a laissé un autre souvenir, la croix de la rue de Mittelhausbengen.
La tradition orale a conservé le souvenir de quelques actes de résistance lors de cette guerre, dont un à Dingsheim. Voilà ce que nous transmet Roger Maudhuy, dans son ouvrage Quand l’Histoire de l’Alsace devient légende. On raconte qu’un Suédois passa seul dans le village. Les hommes lui sautèrent dessus et à coups de pieds, de poings, de marteaux, de fourches, le lynchèrent. Ils ne laissèrent qu’un cadavre pantelant. Le curé du village, outré, aurait alors clamé qu’un Suédois, même protestant, même ennemi, était quand même une créature de Dieu et il décréta qu’il refuserait l’absolution aux assassins tant qu’ils n’auraient pas fait un geste pour réparer leur crime. Ainsi aurait été élevée cette croix.
Légendes des photos
- Photo de la croix située au n°12 de la rue de Mittelhausbergen.
- Dessin de la croix située au n°12 de la rue de Mittelhausbergen.
- Jacques Callot, Les grandes misères de la guerre, 1633. Pillage et incendie d’un village pendant la guerre de Trente Ans.