Panneau 16 - Le WaldBruderKreuz

Mer müss mache ass d’Kirch mittess im Dorf bliebt
Il faut faire en sorte que l’église reste au milieu du village

Ce panneau est le pendant du panneau 7, situé rue Kobler. C’est ici que se trouvaient la petite chapelle dédiée à Saint Quirin et la maison des ermites chargés de sa garde.
 
Pour les anciens du village, nous nous trouvons sur les pentes verdoyantes du Alte Bàrri et face à nous se dresse le calvaire du Waldbruderkreuz. C’est un nom qui nous en dit beaucoup sur son histoire : Wald pour la forêt, Bruder pour frère, ici au sens religieux et plus précisément il faut comprendre un ermite et Kreuz pour croix.

Rappelons son histoire !

Dans la maison que nous avons vue rue Kobler, vécut Quirinus Quirin. Né vers 1655 et mort en 1721, il a épousé Catherine Schott (1654-1721).
En 1690, une grande vague de fièvre aphteuse ravage les troupeaux des Dingsheimois dont celui du chef de la communauté, le Schultheiss Quirinus Quirin. Ne sachant plus quoi faire pour stopper les ravages, le prévôt promet de faire construire une chapelle au pied de la colline du Alte Bàrri, à côté du Stadtweg, le chemin que l’on emprunte pour aller à Strasbourg, si la maladie cesse de faire des ravages.
Intervention divine ou évolution naturelle de la maladie ? On ne le sut jamais, mais le bétail fut sauvé. Le Schultheiss fit alors construire la chapelle et elle fut bien évidemment dédiée à Saint Quirin. On y plaça également une image de la Vierge.
Cette chapelle attira de nombreux fidèles des villages environnants et de Strasbourg. Elle fut donc agrandie à deux reprises et placée sous la garde d’un ermite (plusieurs frères s’y succédèrent) qui se fit construire une petite maisonnette à proximité.
 
Quand disparut-elle ? Il est admis qu’elle exista au moins jusqu’en 1815 ; année de la chute de Napoléon. Avec la coalition de grandes nations européennes contre lui, Strasbourg subit un blocus par une unité de la Badische Garde, faisant partie des troupes autrichiennes. Elles stationnent sur la colline de Hausbergen. Un officier dessina le paysage qu’il avait sous les yeux, dont la chapelle.
Une autre source mentionne la date de 1793. Alors qu’une dernière messe est dite, un traître ouvre la porte et reste planté devant jusqu’à ce que la messe fût achevée. Une fois la messe finie et les curés partis, la chapelle fut rasée et la maison détruite par les révolutionnaires.
 
Quelques décennies plus tard, en octobre 1844, les époux Valentin Braun et Colette Saettler, laboureurs aisés de Dingsheim, firent ériger ce calvaire en souvenir de l’ancien ermitage.
Au mois d’avril 1945, deux chars venus de Strasbourg et passant par le Langheimerweg s’arrêtent en face du Alte Bàrri et firent feu sur la colline. Exercice de tir dira-t-on plus tard, de la part de l’armée française… Les gens du village ont prétendu que les chars étaient américains. S’il n’y a pas eu d’accident majeur, le calvaire fut touché et grandement endommagé.
Le 12 mars 1946, le curé Henck, adresse une lettre au commandant de la subdivision de Strasbourg pour demander réparation aux dommages. Il dut revenir plusieurs fois à la charge. Le conseil de fabrique fit reconstruire le calvaire pour 82 000 Frs ; le gouverneur militaire consentit à verser 48 220 Frs. Ce sont les dons des paroissiens qui comblèrent le déficit. La croix est bénie le 25 avril 1948.

Petites anecdotes

Lors du week-end pascal, les cloches partis à Rome, sont remplacées à Dingsheim par les crécelles. Après deux jours de dur labeur, le Lundi de Pâques sonne l’heure de la récompense. Les Eiermàrder sont les maîtres du village. Un cortège formé des jeunes garçons, passe dans les rues pour réclamer des œufs. Avant ça, on venait ici, au Alte Bàrri, chercher le Maje ou Arbre de mai, décoré puis promené par les Eiermàrder dans les rues de Dingsheim.
 
Paul Sonnendrucker (1921-2011) écrivain, homme de théâtre et fondateur des Comédiens du Rhin, est une grande figure du théâtre alsacien. Il est né à Dingsheim. A travers sa carrière, il met en scène une trentaine de pièces en français, allemand et alsacien dont Goetz von Berlichingen (célèbre mercenaire et chevalier allemand qui vécut au tournant des XVe et XVIe siècle), adaptée de l’œuvre de Goethe, qui fut jouée au Alte Bàrri à six reprises, en août 1972.
 
Au-dessus, se trouvent les éléments du point d’appui d’infanterie du Nellkopf I 52, mis en place par les autorités allemandes entre 1914 et 1916 et rattaché à la ceinture de forts de Strasbourg.

Légendes des photos

  1. Détail de la carte de Cassini (18e siècle). Notez la mention St-Quirin, rappelant l’existence de la chapelle, derrière Dingsheim, au niveau du Alte Bàrri.
  2. Défilé des Eiermàrder, rue de l’Eglise, dans les années 1970. On y voit le Maje, tiré par les jeunes garçons.
  3. Affiche de la représentation de Goetz von Berlichingen à Dingsheim en 1972. La pièce fut jouée au lieu-dit « am alte barri ».
  4. Dessin d’un officier de la Badische Garde montrant la chapelle en 1815.
  5. Détail d’un dessin d’André Brauch, montrant les infrastructures du point d’appui d’infanterie du Nellkopf I 52.